Entretien avec Christian Deleuze, directeur général Sanofi Genzyme France

« Dupixent® pourrait traiter 10 000 patients en France »

Publié le 08/10/2020

Chez les patients asthmatiques sévères adultes et adolescents dont le fardeau est important, Dupixent® (dupilumab) représente une nouvelle alternative. Explications.

hépatite C

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Paul Hudson a fixé à 10 milliards de dollars le chiffre d’affaires pour
Dupixent® dans les prochaines années. Comment la France contribuera-t-elle
à atteindre cet objectif ?

Paul Hudson en fixant cet objectif qui frappe les esprits a souhaité expliquer à
la communauté financière le formidable potentiel que représente notre médicament.
Dupixent® est doté d’un mécanisme d’action unique qui cible l’inflammation de type 2 grâce à son activité sur l’interleukine 4 et l’interleukine 13. Ce qui lui permet de
viser des indications multiples dans différentes aires thérapeutiques. Pour revenir à la France, le produit est proposé dans la dermatite atopique modérée à sévère de l’adulte et de l’adolescent. En pneumologie, le médicament s’adresse aux patients adultes et adolescents atteints d’asthme sévère. Dans la BPCO, une étude de phase III a été lancée.

En ORL, la Commission de transparence vient de rendre son avis dans la polypose nasale sévère. Sept autres indications sont actuellement à l’étude. Avec la reconnaissance de la valeur ajoutée de Dupixent®, de nombreux patients vont successivement pouvoir accéder à ce traitement. La France contribuera dès lors de manière significative à démontrer l’intérêt du produit avec environ 10 000 patients potentiellement traités, même si l’accès au traitement est plus lent dans l’Hexagone qu'en Allemagne.


Comment en réponse à ces nombreuses AMM fédérer les prescripteurs exerçant
dans des spécialités différentes ?

C’est un enjeu passionnant. En ORL par exemple dans la polypose nasale sévère,
avant l’arrivée de Dupixent®, il n’y avait pas d’alternative aux corticoïdes et à la
chirurgie. Même constat dans l’œsophagite à éosinophiles, future indication de cette
molécule, il n’existe pas d’alternative en dehors de la dilatation œsophagienne et
des corticoïdes locaux. Chez de nombreux malades, les médecins sont confrontés à un
besoin médical non satisfait avec une prescription de corticoïdes chez des patients
souvent jeunes. Certaines pathologies associées peuvent être la conséquence de
ces prises répétées et prolongées.

Ce recours significatif aux corticoïdes devrait constituer une problématique commune de réflexion alors que des alternatives thérapeutiques sont désormais disponibles. La création de centres experts qui prendraient en charge des patients atteints par une inflammation de type 2 serait une première réponse.

L’asthme sévère serait sous-estimé en France. Dispose-t-on d’outils pour aider au diagnostic ?

Selon certaines enquêtes, il faudrait entre 1 à 15 ans pour poser le diagnostic d’asthme sévère. Si le pneumologue le repère, le médecin généraliste est rarement confronté à ce diagnostic complexe. D’où l’intérêt de favoriser un partenariat entre ces deux spécialités. Outre une campagne grand public, Sanofi Genzyme est en train de mettre en place un algorithme pour aider à repérer la sévérité d’un asthme. Il faut changer l’image de l’asthme sévère, très impactant sur le quotidien qui a peu à voir
avec l’asthme, pathologie commune. Dans l’asthme sévère, le risque peut être mortel et
contraint à réorganiser sa vie au quotidien.

Quelle est la place de Dupixent® dans l’arsenal thérapeutique ?

À ce jour, Dupixent® est la première biothérapie qui inhibe les voies de signalisation de
l’IL-4 et de l’IL-13, cytokines majeures dans le mécanisme de l’asthme sévère, associé à une inflammation de type 2. Ce mécanisme d’action large permet notamment une
diminution des IgE, de la surproduction de mucus et diminue l’attraction des éosinophiles vers les tissus inflammés. Côté clinique, ceci se traduit par une réduction du nombre d’exacerbations, par une épargne cortisonique et une amélioration significative de la fonction respiratoire. La fraction expirée de NO (≥ 20 ppb) et la numération d’éosinophiles sanguins (≥ 150 / μL) sont les critères retenus pour bénéficier de la prescription de Dupixent®. En outre, l’indication asthme sévère a été validée chez l’adolescent, à partir de 12 ans.


Source : decision-sante.com