Les huiles essentielles se cherchent.

Publié le 11/06/2015
Les Français aiment la nature et le naturel. Ils raffolent donc d’huiles essentielles et les utilisent désormais pour de multiples usages familiaux. Antiseptiques, plantes odorantes et aromatiques font partie d’une médication familiale très usitée.

Récemment, sans vraiment apporter de preuves tangibles et d’études significatives selon Sylvie Hampikian-Le Nin, expert en pharmaco-toxicologie, plusieurs articles et émissions de télévision ont suspecté les huiles essentielles en les accusant de diffuser dans l’air environnant des composés organiques volatils (Cov). La présence de traces de formaldéhyde est même parfois incriminée, sans preuve établie. Si les Cov sont issus de la chimie du carbone, ils  sont naturels ou de synthèse. Et volatils, quand ils se dispersent sous forme de spray dans l’air ambiant. Les Cov naturels (issus principalement de plantes), ont même un rôle écologique dans la nature et un niveau de toxicité faible notamment par rapport aux Cov de synthèse tels ceux issus des carburants ou des matériaux de construction, surtout quand ils sont utilisés sans gaz propulseur. En revanche, il y  a encore un manque d’études cliniques sur ces produits. Le potentiel allergisant de certains d’entre eux doit en revanche toujours être clairement signalé.

Raison garder

Les molécules qui composent les huiles essentielles sont de la famille des terpènes et de leurs  dérivés. Dans la lavande, le pin, le  citron, il s’agit du linalol, du limonène, du bétapinène… Les huiles essentielles sont diffusées pour leur arôme agréable, leurs propriétés antimicrobiennes, acaricides, antivirales, anti-inflammatoires, expectorantes, relaxantes (…) réelles ou supposées et les effets de bien-être qu’elles procurent. Si ces produits naturels n’ont curieusement pas toujours une bonne image, « c’est qu’il est difficile de prouver leurs effets bénéfiques ou négatifs en raison de la complexité de leur composition », selon l’expert. Nous sommes effectivement à la limite du monde de l’Evidence based médecine. Quant à la question de leur pouvoir allergisant « l’allergie n’est pas liée à la  toxicité et il y a une confusion entre le potentiel allergisant et le caractère toxique. Mais puisque les huiles essentielles n’ont pas d’AMM, le doute peut s’installer très vite », précise la toxicologue.

Mieux informer

L’idée d’attribuer aux huiles essentielles des vertus thérapeutiques est assez récente dans les pays occidentaux, même si elles n’ont pas le statut de médicaments. En les utilisant, certains individus fragiles peuvent subir des troubles, comme peut en créer tout produit concentré. « Il faut avertir les utilisateurs de possibles mésusages et notamment de surdosages. Mais en général, les huiles essentielles sont bien utilisées et la tolérance est  bonne. » La sauge officinale reste interdite en vente libre comme le thuya et l’absinthe ; la lavande, l’eucalyptus, le  citron… sont eux autorisés. Certaines huiles peuvent avoir des effets indésirables sur la peau, les muqueuses, les  bronches mais le plus souvent, pour les produits diffusés dans l’air, les concentrations sont bien adaptées et bénéficient d’un bon niveau de sécurité. Si les problèmes sont rares, il est souhaitable que les fabricants et les autorités acceptent de s’engager dans des études scientifiques larges. Ces études permettent de définir les règles de bon usage et de préciser les contre-indications. Sans cela, les fantasmes et les imprécisions persistent. Ces craintes sont d’autant plus regrettables que le public est de plus en plus attiré par des approches douces de la santé.

Source : decision-sante.com